Exhibition Le singulier du pluriel
“Les sculptures de Manuèle Bernardi sont des concentrés d’imaginaire, des constellations de minuscules fragments qui vibrent d’une incroyable poésie”.
Ludovic Duhamel – Rédacteur en chef magazine Miroir de l’Art.
Tout fragment du monde sitôt qu’on l’associe à de semblables que lui prend une dimension supplémentaire, s’inscrit dans un ordre supérieur qui transcende sa propre condition. Multiplié par des dizaines ou par des centaines, il participe alors à un chœur vibrant, solidaire et riche de sa multitude. Le singulier, le pluriel en fait une force. Que l’on songe ainsi aux saisissants ballets d’étourneaux, à ces nuées mouvantes qui écrivent dans l’espace d’improbables fééries et qu’on nomme du joli nom de murmurations.
Les structures assemblées avec patience par Manuèle Bernardi participent de la même logique. Du fragment – pédoncule de fleurs, graine, pétale, aiguille de pin, etc. – elle extirpe les sucs poétiques, le sublimant par la conjugaison à d’autres fragments, identiques ou non. Elle compose de la sorte d’incroyables nébuleuses aux minuscules rouages dont les formes nuageuses et organiques ondulent dans les transparences du plexiglas.
Chaque élément est soigneusement glané, figé dans la résine puis rivé par de ténus fils de nylon, entrelacs invisible de fils de la Vierge qui le font paraître en apesanteur, libre, comme saisi en vol stationnaire. « Le tout est plus grand que la somme des parties », écrivait Confucius. Manuèle Bernardi sublime avec maestria l’addition des entités qu’elle a récolté.
Emane de ces créations uniques et hypnotiques un saisissement esthétique semblable à celui que l’on peut éprouver devant les vols d’étourneaux. La sensation de se trouver face à une mécanique régie par de secrètes impulsions. Il y a dans cette sculpture atypique une sorte de fluide sensoriel qui sourd de ces dizaines de fragments assemblés avec soin. On y entend le bruissement du nombre, une petite musique de l’infiniment petit accédant à la dimension supérieure.
Cette sculpture ensorcelle par ses formes envoûtantes, chaque fois renouvelées. Circulaires, oblongues, ovales, elliptiques. Indéfinissables. Conjuguant des éléments aux teintes variables. Chacune se lovant dans son coffret de plexiglas, offrant la possibilité d’être visionnée de tout côté.
On y devine parfois les contours d’une fleur, d’une constellation, de quelque animal sous-marin. L’imaginaire de chacun s’aiguise au contact de ces œuvres pleines de vie. Devant cette sculpture qui fuit la redite comme la peste, le regard s’amuse à changer constamment d’échelle, plongeant au cœur de la matière puis s’en extirpant pour mieux la considérer. Un aller-retour jubilatoire.
To provide the best experiences, we use technologies such as cookies to store and/or access device information. Consent to these technologies will allow us to process data such as browsing behavior or unique IDs on this site. Not giving or withdrawing consent may have a negative effect on certain features and functions.