«La peinture d’Alexandra De Grave nous immerge au cœur d’une nature pleine de vie, de fantaisie et de poésie. L’occasion de lâcher la bride, de s’extraire un temps des noirceurs du temps ».
Ludovic Duhamel – Rédacteur en chef magazine Miroir de l’Art.
Ce serait comme dans un rêve. Un rêve lumineux, féérique. Végétal et luxuriant. Quelque chose qui ressemblerait à un avant-goût du paradis. Une sorte d’automne fabuleux chamarré des teintes les plus folles – on apercevrait des branches d’arbres chargées de feuilles de toutes les couleurs, des fleurs dont les corolles vibreraient d’un intense éclat. On percevrait les chuchotements du monde, ses frissonnements intimes, ses soupirs. Et plus rien n’aurait d’importance que le moment présent. On aurait la sensation d’évoluer dans un monde à jamais préservé des ombres. Un monde de lumière qui aurait hardiment basculé dans une ère de quiétude et d’enchantement. Où la beauté aurait enfin droit de cité.
Ce serait comme dans un rêve. La nature luxuriante et infiniment recommencée déploierait sous nos yeux ses trésors d’inventives fulgurances. La couleur envahirait notre vie, et jusqu’aux recoins les plus reculés de notre conscience. Tout en serait illuminé.
Oui, si l’on pouvait évoluer au cœur des tableaux d’Alexandra De Grave, s’y aventurer « physiquement » après y avoir plongé le regard, ce serait comme dans un rêve, on ne le voudrait plus quitter, happé par l’immense paix qui y règne, par la beauté qui en émane. Comme dans un rêve bucolique qui nous ramènerait aux temps bénis de l’enfance, lorsque toute découverte nous absorbait alors au point que l’alentour n’y résistait pas, qu’il disparaissait sur-le-champ.
Je n’ignore pas que l’on ne nous apprend pas à rêver, ou si peu. Il faut, nous dit-on, avancer dans la vie en toute conscience, dans un froid réalisme, et se garer des illusions qui pourraient nous distraire du droit chemin … Alors, nous fermons les écoutilles, verrouillons le cœur, nous réfugions dans d’étroits carcans et donnons quittance à notre raison plutôt qu’à nos aspirations profondes …
Il suffit pourtant d’une rencontre pour que s’évanouissent les fâcheux plis de ces douteuses habitudes. Au détour d’une galerie d’art, par exemple, apercevoir un tableau. S’approcher. Et là, toucher du bout des yeux un univers inconnu, enchanteur. S’y glisser incognito.
Il faut s’imprégner des luxuriances picturales d’Alexandra De Grave. Y puiser dans le foisonnement de la matière, dans ces empreintes qui sont comme des herbiers miraculeux, les rythmes poétiques qui disent la brise, les odoriférantes frondaisons, la vie minuscule. Il se niche dans ces tableaux le cœur battant du merveilleux. La sensation délicieuse que l’univers est un territoire d’exploration infinie qui s’offre à notre curiosité, qu’il serait possible d’y vivre à demeure, loin des noirceurs du temps.
À la vue de ces visions ardentes où le végétal dessine les contours d’univers parallèles et mystérieux, l’esprit prend la tangente. C’est l’échappée belle. On s’extirpe des miasmes du présent. Heureuse diversion. On s’imprègne d’une peinture qui reflète une réalité tout à la fois fantasmée et multiple. Et l’on entre, sans peut-être en avoir tout à fait conscience, en résistant.
Ludovic Duhamel – Rédacteur en chef magazine Miroir de l’Art.
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