Andrej Mitevski puise son inspiration au cœur des lointains territoires de l’Antiquité. A partir de cette puissante filiation s’organise une sculpture pleine de grâce et d’élégance. Une ode à la féminité.
L’Antiquité est un eldorado pour les amoureux de l’Art que nous sommes. De ce que les siècles nous en ont légué subsistent des chefs-d’œuvre d’un incroyable attrait, qui laisse une trace durable dans nos esprits, une empreinte associant tout à la fois la Victoire de Samothrace et l’Hermès de Praxitèle, la Vénus de Milo et le Discobole de Myron, pour ne s’en tenir qu’à la seule sculpture. Avec sa nouvelle série, intitulée « Torsos », Andrej Mitevski nous invite à une émouvante confrontation avec les formes héritées de ce glorieux passé. Un retour aux sources, en quelque sorte.
« Je marche dans l’antiquité la plus reculée. Je veux relier le passé au présent, reprendre le souvenir, juger et arriver à compléter », disait Auguste Rodin. Dans une semblable approche, Andrej Mitevski enracine sa sculpture dans les territoires antiques, y puisant une inspiration revendiquée. Les silhouettes qui surgissent des blocs de pierre qu’il taille avec délicatesse nous sont familières à bien des égards. Osons l’avouer : elles semblent émaner d’un temps où le monde n’en était encore qu’à ses balbutiements et que les artistes d’alors ont su exprimer avec une maîtrise sans pareille.
Andrej Mitevski s’est à ce point imprégné des œuvres des grands anciens qu’il en a ressuscité l’esprit. Sa sculpture est hommage. L’observer de près, c’est remonter le cours des siècles, c’est abolir le temps et ressentir ce faisant l’étrange sensation de se trouver au plus proche de l’Histoire de l’Art. Ses torses féminins, volontairement dépossédés de leurs membres, comme le sont souvent en effet les vestiges de la statuaire antique, grecque par exemple, irradient d’une poésie troublante.
Qu’on ne se méprenne pas pourtant. L’art d’Andrej Mitevski, s’il est effectivement interprétation subtile de l’art du passé (sorte d’herméneutique appliquée à la sculpture), investit la pierre d’un mouvement plein de grâce et de légèreté qui puise dans notre présent une inspiration abstraite, radicale, épurée au possible. Ses torses féminins restituent avec sobriété, dans une stylisation efficace, la beauté de corps de femmes élancées. J’y vois un magnifique clin d’œil, en même temps qu’une évidente audace esthétique, au temps qui passe et qui, maîtrisé par l’artiste, embellit plutôt que d’abîmer. Les sculptures d’Andrej Mitevski s’animent d’une force intérieure, d’un mouvement discret, qui les rend uniques et vibrantes.
A l’image de ses lointains prédécesseurs, le sculpteur remet le corps (de la femme principalement) au cœur du jeu. Ses « torsos » sont des passerelles posées par-delà les siècles, des invitations à vagabonder entre mythe et réalité.
Ludovic Duhamel – Rédacteur en chef magazine Miroir de l’Art
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